Le blanc : Symbole de pureté, indirectement d’hygiène.

Cette couleur est employée par l’ensemble des professionnels de santé, à deux exceptions près.

En 1914, aux débuts de la Grande Guerre, un Américain, dont l’Histoire a oublié le nom, trouva que cet étalage de traces de sang sur sa blouse blanche était du plus mauvais goût, lui rappelant les bouchers de son enfance. Il choisit donc une jolie couleur vert-épinard pour atténuer ce rouge trop voyant. Dans le monde entier, ses confrères ont fini par l’imiter.

De nouvelles lampes sont apparues dans les années 1970. Tellement puissantes que les vêtements blancs devenaient éblouissants sous leur feux. On a donc choisi des teintes qui ne réfléchissent pas la lumière. En fait, au bloc, il n’existe plus désormais de discrimination chromatique selon les fonctions hiérarchiques. La différence se joue entre le bloc opératoire et les consultations. Les tenues pour les visites en chambre restent blanches pour tous. Seuls certains brancardiers restent perpétuellement en sombre, à cause de leurs incessants déplacements entre les deux « univers ». Les autres professionnels de santé qui ont « tombé » la blouse blanche, interviennent à domicile, au travail, auprès de publics divers qui ne nécessite pas d’imposer des conditions d’hygiènes strictes.

Le blanc, symbole de pureté, de virginité, de « propreté ». Nous l’avons vu plus haut, est LA couleur des professionnels de santé. Empruntant ses racines historiques aux religieuses, et aux questions pratiques d’éradication des microbes par un lavage à hautes températures. Les patients auraient tendance à donner au vêtement un rôle identificatoire en milieu hospitalier : une blouse blanche serait le signal clairement lisible, qui indique que l’on se trouve devant un soignant. Une personne référente à laquelle ont attribut immédiatement une certaine confiance. La blouse blanche est aussi un rempart, permettant aux soignants de maintenir une distance thérapeutique, aussi salutaire pour les soignants que pour les soignés.

L’argument le plus important pour le port de la blouse est toujours celui de l’hygiène. Sorte de barrière de tissu qui protège à la fois le soignant et le soigné des éventuels attaques microscopiques. La propagation de bactéries par la blouse est un sujet d’actualité dans de nombreux pays, certains ayant déjà décidé de s’en débarrasser définitivement comme en Ecosse ou en Angleterre. D’autres pays, comme les USA, se posent également la question. Dans une étude Israélienne de 2011, les chercheurs ont collecté 238 blouses ou tuniques appartenant à 75 infirmières et à 60 médecins et ont fait des prélèvements au niveau des manches, de la zone abdominale et des poches qu’ils ont mis en culture. 65 % des uniformes appartenant aux infirmières ainsi que 60 % de ceux des médecins se sont avérés porteurs d’agents pathogènes. Pire, pas moins de 21 tenues d’infirmières et 6 de médecins étaient colonisées par des souches de bactéries multi résistantes aux antibiotiques, dont le staphylocoque doré.

Le célèbre « effet blouse blanche », bien connu depuis la fin des années 80. Une étude de 1987 a montré qu’il existait une réaction d’alerte et une hausse de la tension artérielle en présence d’une blouse blanche chez certains patients. Ces résultats ont été répliqués de manière particulièrement consistante. Le port d’une blouse peut être à l’origine d’effets somatiques néfastes chez nos patients.

Le professionnel de santé sensé avoir une attitude, et un comportement apaisant, ne provoque t il pas l’effet inverse, quand il porte une blouse blanche ?

Objet inoffensif, qui pour certains devient potentiellement stressant et communiquant à son insu, des informations contradictoires! Le vêtement que nous portons n’est pas sans incidence sur notre identité professionnelle, sur les rapports que nous entretenons avec les patients et nos collègues, sur nos activités professionnelles.

Bon nombre de soignants décrivent le passage au vestiaire comme un sas, une loge de comédien, dans laquelle ils se préparent à entrer en            « scène ». Suivant ainsi l’adage de leurs paires, qui inculquent le fait que lorsqu’on entre en relation de soins, il faut laisser une part de sa personnalité, de ses convictions personnelles, de ses préoccupations, à l’extérieur, pour servir sa fonction, et se consacrer pleinement aux autres.

Une réflexion serait à mener sur le fait de pouvoir incarner la profession sans ce vêtement ?

Faire disparaître la blouse nous rendrait il moins crédible ?

Nombreux fait divers ont rapporté les aventures de comédiens en blouses blanches, n’ayant pas les compétences que l’habit pouvait bien leur prêter. N’est ce pas pourtant, cela qui importe le plus aux patients ? Les hommes et les femmes qui emplissent la blouse blanche, ne sont pas des fantômes, mais bien des humains doués d’émotions et de savoirs faire.